L’origine du mot vient de la cour de Louis XIV où dans la chapelle royale l’abbé Louis Bourdaloue (1632-1704), appelé Roi des prédicateurs et prédicateur des rois avait l’habitude de faire des prêches interminables.
La longueur effarante de ses sermons en chaire, s’imposant souvent pendant plus de deux heures d’affilée, ne pouvait manquer de poser quelques problèmes intimes, et clairement mictionnels, aux dames de la haute société placées tout en avant dans la chapelle, mais incapables alors de se soulager de vessies douloureuses. Cachées sous la crinoline, avec l’avantage des culottes de l’époque fendues d’avant en arrière, cet objet astucieux pouvait libérer ces pénitentes qui confiaient alors discrètement à leurs dames de compagnie le soin de vider l’instrument fort peu sacré tout derrière l’édifice religieux.
L’apparence de cette pièce de céramique est trompeuse. Il ne s’agit pas d’une saucière, avec laquelle elle est souvent confondue, mais bien de l’ancêtre du pisse-debout, cet urinoir féminin en forme d’entonnoir qui fait depuis peu fureur dans les festivals lorsqu’il est impossible de (re)courir aux toilettes ou de s’isoler de la foule.
De forme oblongue ou plus renflée, parfois rétrécie en son centre à la manière d’un osselet et présentant presque toujours une remontée avant et arrière censée préserver les vêtements des éclaboussures, le bourdalou était une pièce de céramique plus ou moins fine. Porcelaine délicate ou faïence plus commune, il s’utilisait débout ou accroupi(e), scène immortalisée par le peintre François Boucher vers 1760, dans une toile intitulée La Toilette intime, également connue sous le titre certes grivois, mais plus explicite, d’Une Femme qui pisse. Ci-dessous : François Boucher (1703-1770), La Toilette Intime, collection particulière (Wikimedia Commons).